La période 2014 / 2015 est décisive pour Twitter qui se retrouve face au déclin de son service. Les publicités ne rapportent pas assez d’argent pour trouver un équilibre financier, de nombreux tweeps intéressants quittent ce réseau social ulcérés par le comportement douteux d’une minorité qui bénéficie d’un fort engagement grâce à des stratégies de margoulins. Décryptage du joyeux monde de Twitter et de ses abonnés…
5 ans sur Twitter, le bilan qui fait mal. Le mois dernier j’ai fêté les quatre ans de mon compte Twitter Hoopnod et les 5 ans de mon compte perso. Sans le vouloir réellement, des dizaines de souvenirs sur ce réseau social ont refait surface dans mon esprit. Des bons, des mauvais, des hilarants, autant de tweets lus que j’ai fortement appréciés ou carrément détestés.
Car il ne faut pas se voiler la face, Larry (le nom de l’oiseau bleu) à profondément changé ces dernières années, et pour beaucoup, pas dans le bon sens.
Lors de mes débuts sur Twitter en 2009, le réseau était encore assez simple : une interface minimaliste, une très grande majorité de tweets sans images (Twitpic était utilisé par peu de personnes), une très grande sélection de liens exceptionnels partagés par des tweeps engagés dans leurs domaines, autant d’occasions de découvrir rapidement des news inédites qui fourmillent sur la toile.
Mais voilà, Twitter n’a jamais été créé uniquement dans le but de nous aider à découvrir de nouveaux horizons. Faut faire du pognon et la période 2012/2013 fut l’amorce d’un sacré changement dont certains ne se sont jamais remis. Et c’est ainsi que Twitter est passé du stade d’outil utile et intéressant au stade de clone de Facebook : introduction en bourse au mois de novembre 2013, pression des investisseurs pour générer rapidement des revenus avec l’introduction des publicités, une timeline remaniée… etc.
C’est mon service, je fais ce que je veux
Le fait le plus marquant fut le déploiement de l’API 1.1. Loin d’être innocente, cette mise à jour à profondément changé nos habitudes. La volonté de Twitter d’éradiquer les clients tiers utilisant jusqu’ici son API afin de limiter les applications qui gênent les siennes incluses dans son service (app photo, stats…) a fait beaucoup de dégats. Logique de Twitter : ton application empêche l’adoption en masse de ma propre solution, boum, plus d’accès à l’API. Devant la grogne soulevée par des milliers de sociétés et de développeurs de par le monde, Twitter a tenté de rassurer tout ce beau monde en communicant sur cette restriction : moins d’autorisations distribuées = plus de succès pour une application créée, car moins de concurrence.
Sauf que… l’API 1.1 est arrivée avec une petite surprise qui aujourd’hui encore fait couler beaucoup d’encre : la limitation à 100.00 jetons. Explications : si vous faite partie des chanceux sélectionnés pour “travailler avec Twitter” et concevoir une application qui apporte une valeur ajoutée à ce service, vous serez vite confronté à cette grotesque limite de 100 000 utilisateurs si votre programme connaît un fort succès. C’est mesquin, mais de bonne guerre, Twitter se réserve ainsi le droit de développer sa propre version d’un concept qui marche afin de l’intégrer au client officiel sans souffrir de la concurrence d’une application tierce sur le même thème.
Honnêtement, un coup de balai sur son API fut plutôt salvateur dans certains cas. Pour avoir croisé dans la période 2009/2012 des applications profondément débiles et inutiles, on ne peut pas leur en vouloir d’avoir voulu faire le ménage. Sauf que la solution actuelle a aussi jeté aux oubliettes des services externes très pratiques qui ont demandé beaucoup d’heures de travail à leurs concepteurs, provoquant de facto, un intérêt moindre de beaucoup d’anciens utilisateurs jusque-là fidèles. Ne l’oublions pas, Twitter doit une partie de son succès actuel aux nombreuses applications ingénieuse présentes lors de ses débuts. Certaines ont été rachetés, les autres ont pour la grande majorité disparu.
Surtout que bon, vouloir concevoir en interne ses propres applications, quitte à se passer de talents incontournables, peu aussi jouer des tours à ce réseau social : la catastrophique version de Twitter pour Windows 8.1 en est un piètre exemple.
Des utilisateurs plus nombreux, mais moins attrayants
Concernant les plus anciens utilisateurs de Twitter, il y a l’avant 2012 et l’après 2012. Je m’explique : bénéficiant d’une très large exposition grâce à l’élection présidentielle et l’introduction des live tweets dans les émissions TV grand public, Twitter a connu une très forte adoption par de nouveaux utilisateurs qui ne daignaient pas jusque-là, prêter la moindre attention à ce réseau social qu’ils jugeaient trop confus et compliqué à adopter. Entre les wagons de tweets gérés par des boîtes de communications (souvenez vous des nombreux tweets édités par des hordes de fidèles affiliés PS ou UMP) et l’afflux d’adolescents désertant Facebook et entièrement conquis aux émissions TV mainstream, Twitter a totalement changé. Les news inédites se font de plus en plus rares, place aux partisans politiques et aux kikoolols.
Bien entendu, rien ne nous empêche actuellement de cultiver chacun notre communauté de prédilection, mais nous ne serons jamais totalement à l’abri du retweet d’une personne que nous suivons et qui ne nous intéresse pas. Twitter s’enferme dans la culture de l’entre-soi, et c’est de mauvais augure. Pourquoi ? Tout simplement parce que les news intéressantes ne sont pas forcement le fait de tweeps entièrement acquit à une thématique. J’ai souvent eu de très bonnes surprises vis-à-vis de comptes qui n’étaient pas à bloc sur un sujet précis. Et puis bon, cultiver l’entre-soi est à l’opposé de la fraternité universelle. Tant qu’on y est, autant suivre les gens qui ont la même classe sociale, le même avis politique, qui ne se reproduisent qu’entre gens du même milieu… C’est déjà comme ça IRL (beuark), mais beaucoup n’ont pas l’intelligence de garder l’esprit ouvert une fois online. Navrant.
Je tweet, donc j’existe
Ce qui nous amène à l’autre point qui fâche de nos jours : l’explosion de la culture du moi, moi, moi. À ses débuts, les utilisateurs étaient bien plus partageurs, les retweets étaient plus volontaires et sans arrières pensées. De nos jours, être narcissique semble être la norme : les selfies, tweet my life et autres tweets personnels inondent Twitter. Pire, alors que beaucoup de tweeps étaient jusque-là peu avares en retweets, nombreux sont ceux qui se sont recroquevillés sur eux-mêmes. Ils ne tweets plus que leurs “trouvailles”, ignorent volontairement les personnes qu’ils suivent, quitte à passer pour le has been de service qui tweet une vieille news datant de plusieurs heures, voire de plusieurs jours.
De ce comportement découle des actes pas franchement glorieux pour certains utilisateurs de Twitter : vols de tweets (déjà présent avant 2012, mais de pire en pire), vols d’images, reprise de news de l’un de ses abonnés sans sourcer l’info ou le twittos qui est à l’origine du tweet pour se faire mousser le haricot… le mauvais côté du personnal Branding dans toute sa splendeur. C’est simple, pour une majorité d’anciens et de nouveaux utilisateurs c’est la norme sur Twitter : sous couvert d’une volonté de partage et surtout, de se faire passer pour quelqu’un intéressant, le bon sens de la moralité disparaît petit à petit. Je te pique tes images et tes tweets, c’est normal, c’est internet. D’ailleurs, à ce sujet ça me rappelle le comportement d’un twittos, qui, enfermé dans sa logique égocentrique trouve normal de balancer des infos… sans liens. Malgré la protestation de plusieurs de ses followers, il ne change rien, c’est la norme pour lui : pourquoi faire de la pub pour un site ou un blog ?
Résultat, quelques tweeps (comme moi, mais très rarement) évitent de mettre systématiquement les sources de leurs images. Je sais, ça craint, mais j’en ai franchement ras le bol de servir de base de données et de donner sur un plateau d’argent mes sources aux copieurs-colleurs.
Il est vraiment triste de voir des journalistes, des artistes, des tenanciers de blogs et des anonymes s’adonner à cette pratique : La course aux followers n’a pas de limites, alors que l’on devait déjà faire avec les adeptes du mass-following et des concours RT & follow, voici venu le temps des images à “clics” pour booster son engagement et sa notoriété. Et ça marche. Je ne m’éterniserai pas sur l’indéniable présence sur Twitter de nombreux mythomanes, imposteurs, usurpateurs, escrocs et autres dérangés de la cervelle, car c’est partout pareil, malheureusement.
Résultat, beaucoup de gens incontournables et curieux ont renoncé à leur présence sur Twitter : pourquoi consacrer du temps à dénicher des infos excellentes et inédites si c’est pour se faire dépouiller par le premier boulet en manque d’imagination ? Surtout que souvent, la copie a plus d’engagements de la part des twittos que le tweet original…
Hate me, i’m famous
L’autre gros problème de Twitter réside dans sa forte communauté de trolls et de haters que le réseau social a du mal à contenir. Souvenez-vous de l’été 2013 ou une horde de haineux qui se faisaient chier lançaient pratiquement tous les jours un #TT nauséabond. Juifs, Africains, Arabes, homosexuels, chacun en a pris pour son grade, bien encouragé par le manque de volonté de Twitter de réguler tout cela sous le couvert de la liberté d’expression. Entre les “pros” et “antis” la guerre a fait rage et après une forte pression de la justice française sur Twitter afin de réguler ces tweets et hashtags intolérants, le réseau social a instauré une surveillance salvatrice pour son écosystème. Sauf que le ver était déjà dans la pomme…
Oui, encore de nos jours vous n’êtes pas à l’abri de croiser un tweet ou retweet nauséabond, pornographique, intégriste, sexiste, raciste et j’en passe des meilleurs. Alors que la limite d’âge minimum d’utilisation de Twitter est fixée à 13 ans, je souhaite bien du courage aux parents qui laissent leurs enfants utiliser ce réseau social sans surveillance. De plus, de par son système unique, vous n’êtes pas à l’abri de voir un tweep s’incruster dans une conversation pour y déverser sa haine profonde. Certains se complaisent dans ce comportement et s’en tapent le coquillard de savoir que la personne visée puisse sombrer dans une profonde déprime pouvant allez jusqu’au suicide. La cabale visant la fille de Robin Williams sur Twitter, Zelda (compte fermé puis de nouveau actif 1 mois plus tard), en est un triste exemple.
Bien sûr, il est possible de masquer les utilisateurs franchement limite, mais cette fonctionnalité est surtout conçue pour caresser dans le sens du poil les tweeps qui ont peur de se désabonner de quelqu’un et de perdre un follower en retour. À n’utiliser seulement dans une optique de “purgatoire” le temps que le tweep revienne à ses sujets de prédilection, sinon, c’est unfollow, point barre. Autre solution qui demande du temps à mettre en place, utiliser un client tel que Tweetdeck et éditer une liste de mots filtrés longue comme le bras. C’est gonflant à mettre en place, mais vous permettra de ne louper aucun tweets intéressants qui se glissent entre deux insanités.
Retour vers le futur
Yep, tel Marty McFly j’aimerai bien faire un tour dans la Delorean de Doc pour me projeter en 2020. Twitter aura-t-il réussi à trouver son équilibre financier ? Les adeptes de l’oiseau bleu seront-ils toujours aussi nombreux ? Que partageront-ils ? Les haters auront-ils migré vers une autre plateforme ?
Personnellement je pense que je serai toujours présent sur ce réseau social même si celui-ci prend une direction que je n’apprécie pas. La somme des infos disponible est énorme et Twitter reste incontournable pour l’actualité en temps réel. Cependant, comme beaucoup, je suis de plus en plus présent sur un réseau social peu fréquenté, mais avec des gens ayant encore un vrai sens moral (non, ce n’est pas Google +), et cette tendance personnelle risque de s’accentuer.
Le titre de ce billet est volontairement alarmiste, mais illustre bien l’impression générale ressentie par les plus anciens tweeps : Le Twitter qu’ils ont connu dans le passé est en train de s’éloigner, ce qui renforce cette impression d’agonie et de déclin. Mais cela ne veut pas dire qu’il va forcément disparaître, la pérennité de Twitter se jouera dans les années à venir. Wait & See. J’espère simplement que Twitter ne deviendra pas une sorte de TF1 du Web : tout le monde regarde cette chaîne de télévision, mais officiellement, personne ne l’aime. À méditer.
Je te rejoins sur de nombreux points. Je me suis mise sur Twitter à l’origine pour suivre l’actu de mon secteur d’activité, puis ai ouvert un second compte plus libre (MG). Avant 2012, on échangeait beaucoup plus. Maintenant, tout le monde a un avis sur tout, et tient à le faire savoir.
Yep, je me rappelle très bien cette période, tu faisais partie des premiers tweeps à tirer le signal d’alarme sur l’évolution malsaine de Twitter. Bien vu 😉
Il y a un temps je passer plus de temps sur twitter que facebook , maintenant j’utilise un peu twitter (je tweet beaucoup moins) pour faire ma veille , mais trop d’information (en suivant que -500 personne) tue l’informations , aprés faut gérer les listes , les hashtags , mais l’infobesité ne lui a pas fait de bien, pour la veille c’est un exellent outils , mais cela s’arrete la , comme tu dis entre les tweet serieux , ceux de pré adolescent qui veulent absolument faire parti des TT.
Maintenant j’utilise beaucoup un autre réseau social boudé par le marketing , donc plus de conversation sympa , et pas juste parler pour faire parler de sont entreprise , je parle de Diaspora
j’ai supprimer mon compte facebook en ce début d’année et je le regrette pas méme si pour ma veille socialmedia sa ne lui a pas fait de bien , mais un moment donnée faut vivre avec ses idées
J’ai essayé rapidement Diaspora à ces débuts mais l’arrivée en masse de comptes de l’EI fin 2012 m’a vite refroidi au point de supprimer mon compte.
Maintenant que ceux-ci sont supprimés (200 comptes environ) et que Framasoft veille au grain via son pod (Framasphère), ton commentaire me donne envie d’y retourner.
Merci pour le rappel 😉
Je vais dire que cela ne ma pas impacté , n’ayant jamais vu ce genre de message , mais c’est vrai qu’en zone de non droit c’est pas terrible pour un reseau social
Les admins des pods ont du faire un choix décrié pour certain et applaudi par d’autre
La non censure de diaspora et relatif , mais avec ce genre de probleme , pour moi il ne doit pas y avoir de liberté d’expression avec ce genre de message ou de compte
Sinon a part ça c’est vrai que via framasphére , cela a redonner vie a ce projet en france.
Se que je regrette c’est que c’est les geek et les libriste (comme moi) qui y sont en masse , il y a pas de diversité.
Mais bon j’aime bien les conversations que j’ai avec certain , suivre des # et ne pas oublier que google a repris des choses qui existait avant sur diaspora , les aspect notamment
Analyse très intéressante et pertinente.
Je partage également votre point de vue, sur Twitter il faut faire le tri…
Beaucoup cherchent à faire le prochain buzz, et en oublie les tweets de qualité… Beaucoup de plaintes et parfois peu de contenu intéressant.
Pour ma part, je m’en sers comme outils de veille et c’est tout. Les hashtags me permettent de suivre les thèmes qui m’intéressent et non à communiquer – trop de hashtags dans un tweet/post tu le hashtag.
Je préfère communiquer sur d’autres réseaux sociaux : facebook pour le client final et Linkedin pour les réseaux pro…
Bonne stratégie !