Le porno et Twitter, ça ne date pas d’hier. Les comptes sur ce thème se multiplient au fil des années et croulent sous un nombre élevé d’abonnés.
Comme dans l’industrie du film érotique, on trouve sur Twitter du contenu soft et Hardcore.
Les premiers tweetent des phrases et des conseils accompagnés de photos légères et sont souvent destinés à un public en plein éveil sexuel. Ces comptes cartonnent auprès des adolescents. Les seconds tweetent des phrases plus explicites accompagnées de photos pornographiques à faire rougir un ecclésiastique. On y trouve de tout : des stars du porno, des boîtes de production de films X, des comptes Hentai, des particuliers…
Problème ?
Et bien pour commencer il n’existe aucune limite d’âge minimum pour ouvrir un compte. J’ai cherché en long et en large dans le centre d’assistance de Twitter et aucune mention n’apparaît nulle part. Pour Twitter nous sommes tous majeurs et responsables.
Concernant la consigne de ce réseau social sur les contenus choquants, Twitter fait confiance au bon sens de ses utilisateurs en les incitants à marquer les tweets sensibles, que ce soit à la réception ou à l’émission. Ultime garde fou, Twitter examine en permanence les contenus les plus signalés et se charge d’appliquer son règlement (suspension de compte).
Concrètement, un internaute peut ouvrir un compte et accéder à tout le contenu pornographique qu’il souhaite en activant l’option « Ne pas m’informer avant d’afficher les contenus qui peuvent être choquants » disponible dans les paramètres. Dans le cas contraire, rien n’empêche l’utilisateur de cliquer sur le filtre du lien présent dans le tweet.
Pour avoir essayé ce paramètre de protection avec un compte test abonné à des comptes pornographiques, le moins que l’on puisse dire est qu’il est de temps en temps perfectible : dès fois le message se déclenche seulement pour un mot et dès fois non, même si le tweet contient une image pornographique.
Autre facteur important, si le compte auquel vous êtes abonné n’a pas coché l’option « Marquer les médias que je tweete comme contenant des éléments pouvant être choquants », la fréquence de tweets pornos présents dans la timeline augmente, malgré la protection activée.
Sur les cinq comptes auquel je me suis abonné, 2 ont été totalement filtrés (mais ne retweetaient pas), 1 ne filtrait que les tweets mais pas les retweets, tandis que les 2 derniers n’ont pas été filtrés (!). Faits constatés sur la timeline et les pages d’accueil.
Pire, il arrive que certaines fois un tweet soit censuré dans la timeline générale, mais pas du tout dans la timeline d’une liste. Un cas de figure que je croise régulièrement sur Tweetdeck ou le filtrage est bien plus défaillant que sur Twitter.com. Étrange.
Pire et encore pire, les retweets d’un compte que vous suivez qui lui même est abonné à un compte porno, ne sont pas filtrés : ce genre de surprise m’arrive au moins une fois par semaine avec mon compte perso, l’utilisateur d’un compte qui tweet d’habitude des news normales, craque du slip et retweet une image cochonne, et boum, la voici dans ma timeline sans que le filtre n’agisse. Rageant.
Sur ce point, nous sommes à mille lieues de la surveillance très stricte de Facebook + et Pinterest ou le moindre bout de téton est immédiatement supprimé.
Parental Advisory Explicit Pictures
Pour les parents qui laissent les plus jeunes accéder à Twitter, les règles à respecter sont les mêmes que pour l’utilisation globale des réseaux sociaux : posséder les identifiants du compte pour effectuer des vérifications régulières concernant le réglage des filtres, les tweets émis, retweetés et le contenu des comptes figurants dans la liste des abonnements.
Ça fait un peu œil de Moscou, mais vous seriez surpris du nombre de parents dans mon entourage qui ne vérifient jamais les comptes de leurs enfants.
Évidemment, ces contrôles ne sont possibles que dans une relation de confiance instaurée avec ses enfants, car rien ne les empêche d’ouvrir un compte sans avertir leurs parents… Indispensable, une option « historique des tweets consultés » peut améliorer la supervision des adultes, mais cela ne semble pas être une des préoccupations majeures de Twitter en ce moment.
La limite de la liberté d’expression chère à Twitter
Donc voilà, vous avez paramétré votre compte pour ne plus voir apparaître de tweets NSFW, mais comme nous l’avons vu un peu plus haut, certains continuent de s’afficher.
4 solutions s’offrent à vous pour limiter l’affichage de ces tweets : se désabonner du compte qui tweet ou retweet ce type de contenu, le bloquer, le masquer et le signaler.
Une longue lecture du règlement permet de se faire une idée sur la politique de Twitter vis a vis du contenu pornographique partagé sur son réseau.
Extrait du règlement de Twitter sur ce sujet :
- Si vous téléchargez dans un tweet du contenu multimédia qui pourrait être considéré comme sensible, par exemple des images de nudité, du contenu violent ou des procédures médicales, vous devez envisager d’utiliser le paramètre de compte « Marquer les médias que je Tweete comme contenant des éléments pouvant être choquants »
- Pornographie : Vous ne pouvez pas utiliser d’images obscènes ou pornographiques, que ce soit en tant que photo de profil, en tant que photo d’en-tête ou en tant qu’image de fond.
Et oui, fidèle à sa politique en matière de contenus multimédia qui consiste “à ne pas intervenir sur les contenus, qu’il s’agisse d’une image ou d’un texte”, rien n’empêche par défaut les tweeps de partager des images pornographiques. J’ai eu beau fouiller dans l’onglet Consignes / Règles et meilleurs pratiques, aucune mention à ce sujet n’est présente si vous respectez la loi en vigueur dans votre pays : pas de pédopornographie et autres pratiques sexuelles prohibés. Twitter vous invite à le signaler, sans plus.
Pour faire simple et si j’ai bien compris : on peut partager du contenu porno alors qu’il est interdit de mettre une image olé olé pour sa PP, l’en-tête d’un compte et son image de fond. Logique.
À chacun son règlement
La donne change du tout au tout pour les professionnels qui souhaitent diffuser de la publicité sur Twitter. En effet, les annonceurs sont soumis à des règles bien encadrées par la politique non limitative du site, dont voici un extrait :
Contenus exclus :
- Contenus à caractère pornographique publiés sur Internet ou sous forme de magazines, de livres ou de films
- Nudité totale ou partielle, ainsi que contenus (images, vidéos ou conversations) à caractère sexuel
- Vêtements portés par des modèles (tels que lingerie) et présentant un caractère sexuel
- Accessoires et jouets sexuels
- Contraceptifs (si, si)
Concernant sa partie commerciale, Twitter est moins laxiste et laisse ouverte une voie béante à un étrange paradoxe : une société de production de films pornographiques peut Twitter des images de fesses sur son compte, mais n’a pas le droit de sponsoriser ses tweets ou son compte.
Par contre, rien ne vous empêche de croiser un tweet sponsorisé lambda sur un compte porno : J’ai croisé le tweet sponso d’une marque de luxe (parfum/mode ) dans la timeline et le compte d’une chaîne TV dans ma liste de suggestion sur mon compte de test avec 5 abonnements réservés aux plus de 18 ans.
Perso, je serai un annonceur je me poserai de sérieuses questions sur la volonté de voir ma marque figurer dans une timeline pornographique. Le client est-il au courant ? Est-ce paramétrable dans son compte, donc volontaire ? Seuls ceux qui ont déjà utilisé la régie publicitaire de Twitter peuvent répondre, ce qui n’est pas mon cas.
Ce sont tous ces paradoxes qui m’ont inspiré le titre de cet article : la célèbre chanson « je t’aime, moi non plus * » va comme un gant à la politique générale de Twitter en matière de comptes et tweets pornographiques.
Malgré un simple petit paramètre à cocher pour se prévenir de l’apparition de ce genre de contenus, vous n’êtes pas à l’abri de croiser un vagin ou un pénis (voire les deux).
Je suis d’accord sur le fait que Twitter attache une grande importance à la liberté d’expression (ce qui est bien !), mais un filtrage plus efficace ne serait pas du luxe. Facebook et Pinterest y arrivent très bien… en n’autorisant aucun contenu pornographique.
Tata Jeanine is watching you
Dans l’immédiat, il est urgent pour Twitter d’agir afin de protéger les plus jeunes, les parents apprécieront. Quant aux autres qui s’en tapent royalement : le jour où vous consulterez votre timeline sur tablette ou smartphone, bien assis dans le canapé de tata Jeanine et qu’une image porno dégueulasse tombera sous son regard, vous penserez à cet article entre deux explications vaseuses…
Test réalisé sur Twitter.com, Twitter application mobile et Tweetdeck.
Je vous conseille vivement de lire sur le même sujet l’article de Tomate Joyeuse sur Google + : Si Google n’aime pas le porno, que fait Google + ?
* Je t’aime, moi non plus : Auteur / interprète Serge Gainsbourg en duo avec Brigitte Bardot.
Sources : Twitter, centre d’assistance, règles et politiques.
Bravo pour cet excellent article !! Quel boulot de synthèse !! Twitter devrait vraiment faire quelque chose sur le sujet !
Thx 🙂 J’ai envoyé le lien de l’article à Twitter France. Wait & See…
Oh tu sais, sur Google+ ce n’est pas triste non plus. Il n’y a pas de filtrage dans les recherches.
Ok on dit que Google+ est plus accès geek mais j’ajouterai aussi très porno (sur les communautés. )
Je ne pratique pas beaucoup Google + et ce que tu me dis sur les communautés ne m’étonne pas. Perso, je n’ai jamais croisé de contenu porno dans mon flux contrairement à Twitter. Ça arrive ?
oui j’en ai vu quelques unes. les communautés sont très fréquentées et sont un excellent outil pour échanger. malheureusement, certains utilisateurs en respectent ps les règles de Google. j’ai déjà vu du contenu porno sur Google+. après cela ne m’interesse pas trop et je préfère ne pas trop fouiner.
Suite à ton commentaire j’ai fouiné une petite heure hier soir. J’ai croisé essentiellement du contenu soft, rien à voir avec le porno Hardcore de Twitter : pas d’organes génitaux. Peut-être ai-je mal cherché, mais j’arrête là… Overdose…
il y a du harcore, crois moi. j’ai vu des choses moches à vomir.
Merci beaucoup pour cette info précise ! Je modifie l’article en conséquence 😉